Le Müllerthal, terrain de jeu idéal pour les cyclistes les mieux entraînés, est à sec. Ses mousses caractéristiques, qui colorent toute l’année les roches d’un vert magique, ont pris une teinte brune. En quelques instants, voilà Jorne de Vries et Reijer den Hertog prêts à dévaler la pente sur leurs prototypes du Trek Fuel EXe. Silencieux, mais pas muets. On peut parfois entendre des exclamations de plaisir au fur et à mesure que le duo progresse entre les majestueuses parois rocheuses du Müllerthal. L’objectif ? Mettre les points sur les i pour le lancement du nouveau Trek Fuel EXe. Un projet avec une belle petite touche néerlandaise.

L’équipe néerlandaise

À Harderwijk, l’équipe e-MTB continue de travailler sur de nouveaux projets. Le Fuel EXe vient tout juste d’être bouclé, en coopération avec l’équipe des États-Unis. Reijer travaille à Harderwijk en tant qu’ingénieur produit chez Trek et se passionne depuis toujours pour le mountain bike. Cela fait vingt ans qu’il est au départ des courses de VTT, dans son pays comme à l’étranger. Il fait tout, du crosscountry à l’enduro en passant par le downhill. Reijer a vécu et travaillé pour Trek à Waterloo pendant quatre ans et demi avant de repasser la frontière avec sa famille, vers les Pays-Bas, il y a trois ans. Son collègue Jorne est designer industriel. Il a commencé il y a 6 ans avec des vélos de course, mais il est rapidement devenu accro au mountain bike. Pour lui pas de crosscountry, plutôt du trail, de l’enduro et de la pratique en bike park.

« J’ai commencé il y a cinq ans chez Trek en tant que designer industriel pour l’équipe City. En même temps, j’allais de plus en plus vers le VTT. À un moment donné, un poste de designer industriel s’est libéré dans l’équipe e-MTB. Je ne pouvais pas rater ça. »

L’équipe à laquelle il appartient, aux Pays-Bas, est en train de s’élargir. Ils font partie intégrante de l’équipe de développement mountain bike de Trek. Le Fuel EXe est l’un des projets néérlandais conçus à Harderwijk. En Europe, les liens sont directs entre les différents partenaires, les Pays-Bas jouent donc un rôle majeur. Avec leur partenaire TQ, ils ont beaucoup travaillé sur le système de transmission du vélo. On peut enclencher le dérailleur rapidement et changer de vitesse en un instant. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous nous sommes développés aux Pays-Bas, grâce à un réseau de partenaires à courte distance les uns des autres.

De Fuel EXe – tout commence par la passion

Reijer : « Le Fuel EXe est le dernier projet sur lequel j’ai travaillé. C’est un nouveau segment pour Trek, un VTT électrique poids plume. Nous avons toujours eu de grosses batteries et des moteurs puissants, et celui-ci se situe pile entre les deux. Cela me ramène à mon expérience passée et à la vitesse que j’avais lorsque j’étais vraiment en forme . Ce n’est plus tout à fait le cas, mais avec ce petit extra je suis capable de rouler un peu plus. Et la sensation de légèreté d’un VTT trail reste quand même présente. »

La conception d’un nouveau vélo est toujours pensée, au départ, en fonction du coureur. Comment on s’assied sur le vélo, ce qu’on peut faire, ce qu’on voudrait faire. On commence par la géométrie et on remonte le fil à partir de là. Ainsi, on a la « sensation Trek » au niveau de la suspension. Trek a une philosophie qui lui est propre, qui se traduit par exemple par le soin apporté aux points de rotation. Quand on travaille sur un e-bike, il faut considérer d’autres éléments, comme une batterie et un écran.

« Le défi avec l’EXe était de compacter l’ensemble sur un vélo. Il ressemble à un vélo de trail. Nous avons développé le moteur en parallèle, et nous avons pu tout positionner de sorte que, de loin, on ne remarque aucune différence entre l’EXe et un vélo de trail classique. La zone autour du moteur est compacte, la batterie est placée aussi bas que possible, tous les câbles sont soigneusement dissimulés. Finalement, on ne se rend compte de rien. Mission accomplie », conclut Reijer

« Le Fuel EXe me ramène à mon expérience passée, et à la vitesse que j’avais lorsque j’étais vraiment en forme »

En plus de l’aspect technique, il en faut aussi pour les yeux, et c’est là que le designer industriel a un rôle majeur à jouer. Jorne : « C’est l’usage qui compte avant tout. Chez Trek, nous commençons toujours par des prototypes pour nous assurer que les vélos roulent bien. La tenue de route doit être bonne. On évalue tout cela avec l’ensemble de l’équipe pour faire les bons choix. L’usage vient en premier, ensuite il y a la question de la forme. Maintenant que l’EXe est lancé, nous regardons déjà vers le futur. Avec l’élargissement de notre équipe, nous avons déjà commencé les prochains projets pour le millésime 2025. C’est ce que nous étudions pour l’instant. On réfléchit à ce que les utilisateurs feront d’ici là, ce que font nos partenaires, sur quel marché nous voulons nous positionner. En ce qui me concerne, en tant que designer industriel, le design du vélo est ce qui me préoccupe le plus. La forme spécifique, les sections transversales des tubes. Mais aussi la façon dont vous allez retirer la batterie, la position de conduite. Tu essaies toujours d’innover, et ce qui est bien, c’est qu’il y a encore beaucoup de choses à inventer dans le domaine des vélos électriques. Il suffit de penser aux écrans, aux télécommandes, à la façon dont le moteur est placé. »

Le résultat

Le Fuel EXe glisse sans bruit dans la forêt luxembourgeoise. Les randonneurs paraissent surpris de croiser les cyclistes qui arrivent et puis s’en vont. Étonnamment, personne ne remarque que les deux sont sur des vélos électriques. En deux mots, mission accomplie. Les lignes élancées du Fuel EXe ne révèlent aucunement que vous êtes en train de rouler avec un gros apport de puissance. Reijer et Jorne ont poursuivi les tests, et il reste encore un nouveau firmware à tester avant de pouvoir lancer le vélo. Les dernières touches seront finalisées avant le retour du duo aux Pays-Bas. Prêts à s’y remettre pour les années qui viennent. Une équipe passionnée, dingue de VTT. Imaginez un peu le travail.